PREMIER MINISTRE
Le 25 août 2014, Manuel Valls présente la démission de son gouvernement, à la suite d'un désaccord avec ses ministres sur la politique économique à mener avec, notamment, Arnaud Montebourg (ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique) et Benoît Hamon (ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche). Il est néanmoins reconduit dans ses fonctions par le président de la République70.
Une frange de parlementaires socialistes, appelés les « frondeurs », s'oppose dès lors à sa politique économique et sociale. Manuel Valls est ainsi contraint d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution lors de la première lecture du projet de loi Macron à l'Assemblée nationale, ce qui lui permet de faire adopter le projet sans vote.
Le 13 janvier 2015, quelques jours après une série d'attaques terroristes islamistes, Manuel Valls prononce à l'Assemblée nationale un discours en hommage à leurs victimes, salué par une ovation debout de l'ensemble des députés. Le Premier ministre déclare notamment que « la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l'islamisme radical » et non « contre l'islam et les musulmans ».
En avril 2015, il présente un nouveau projet de loi dans le cadre de « la lutte contre le racisme et l'antisémitisme » dont l'innovation principale, selon Anne-Marie Le Pourhiet, consiste à transformer le délit d'opinion, relatif à la loi sur la presse de 1881, en délit de droit pénal. Juristes et associations, tel Pierre Tartakowsky, président de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, expriment leur inquiètude d'une justice expéditive notamment pour ce qui concerne la comparution immédiate et les délais de prescription. D'autres points suscitent des remarques plus favorables, particulièrement de la part de Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme
Il s'oppose de manière prononcée au Front national lors des élections départementales et régionales de 2015, appelant à un « front républicain » et même à une fusion des listes PS et Les Républicains entre les deux tours dans le but de tenter d'empêcher le FN de gagner dans un certain nombre de régions. Il évoque dans le même temps la possibilité d'une coalition gauche-droite pour l'élection présidentielle de 2017. Pour le chercheur Fabien Escalona, Manuel Valls et ses soutiens, dont Jean-Marie Le Guen, « anticipent une situation où un nombre important de triangulaires aux législatives à venir pourrait empêcher la formation d'une majorité présidentielle sur la base de la seule droite ou de la seule gauche. Leur perspective consiste à organiser sciemment une collaboration minimale entre les forces du « cercle de la raison », plutôt que de se livrer à des déchirements inutiles qui risquent de se révéler trop coûteux ».
Manuel Valls est de nouveau contraint d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi travail. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, avertit les frondeurs que « déposer ou voter une censure contre le gouvernement » serait « une ligne rouge » qui entraînerait leur exclusion du parti à un an des prochaines élections législatives. Dans ce contexte, les frondeurs socialistes ne réussissent qu'à réunir 56 signatures sur les 58 nécessaires pour déposer une motion de censure, ce qui aboutit à l'adoption du texte en juillet 2016.
Au sein du gouvernement, il se trouve en rivalité avec la figure émergente d'Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, bien qu'ils partagent un même positionnement social-libéral : alors que leurs relations se dégradent peu à peu et que leurs cotes de popularité suivent des trajectoires inverses, les médias estiment qu'Emmanuel Macron incarne mieux ces idées désormais et qu'il « ringardise » le Premier ministre.
Il se dit dans un premier temps défavorable à la tenue d'une primaire présidentielle à gauche de 2017, mais, après la décision du conseil national du Parti socialiste d'en organiser une, il change de position.