SUJETS DE SOCIÉTÉ


Immigration et mixité sociale
Dans Pour en finir avec le vieux socialisme... et être enfin de gauche, il se déclare favorable aux « quotas » d'immigration. Ses déclarations concernant les Roms dans un entretien publié dans Le Figaro le 14 mars 2013 ont suscité les critiques d'une partie de la gauche, notamment de la ministre du Logement, Cécile Duflot ; Manuel Valls avait en effet déclaré que les Roms « ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation », et que « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».

En juin 2009, se promenant à Évry et oubliant qu'il était équipé d'un micro-cravate, il déclare : « Belle image de la ville d'Évry... Tu me mets quelques Blancs, quelques Whites, quelques Blancos... » Plus tard, il se justifiera de la sorte : « Évidemment avec les stands qu'il y avait là, [j'avais] le sentiment que la ville, tout à coup, ça n'est que cela, (...) ça n'est que cette brocante, alors que j'ai l'idée au fond d'une diversité, d'un mélange, qui ne peut pas être uniquement le ghetto. On peut le dire ça ? (...). Il faut amener une diversité sociale d'abord, parce qu'il est là essentiellement le problème dans une ville comme Evry, qui est une ville qui a évolué, qui est une ville aussi de classe moyenne, mais qui manque d'un centre-ville. Donc, c'est tout le projet de ma ville, d'avoir un véritable centre-ville, qu'on est en train de lancer, et qui permette d'accueillir ces classes moyennes, qu'elles soient issues ou non de l'immigration. On a besoin d'un mélange. Ce qui a tué une partie de la République, c'est évidemment la ghettoïsation, la ségrégation territoriale, sociale, ethnique, qui sont une réalité. Un véritable apartheid s'est construit, que les gens bien-pensants voient de temps en temps leur éclater à la figure, comme ça a été le cas en 2005, à l'occasion des émeutes de banlieues. »

Il reprend le terme d'« apartheid » en janvier 2015, à propos du manque de mixité sociale. Il déclare que le terme est juste « parce que c'est ainsi que le ressentent les habitants des quartiers »148. Le terme est relayé par une grande partie de la presse, lors de la proposition de mesures, au demeurant, jugées légères, en faveur de la mixité sociale.

Laïcité et religions


En 2003, il estime dans une tribune qu'il faut « faire évoluer la loi de séparation des Églises et de l'État (1905) afin de permettre la construction des lieux de culte à travers un financement transparent, et par conséquent public ». Dans La Laïcité en face (2005), il réclame une refonte de la loi de 1905 affirmant que « personne ne veut y toucher, mais elle est contournée en permanence ; chacun cherche un subterfuge pour arriver à ses fins. [...] Notre pays ne peut donc échapper à la révision même si ce n'est pas une révision avec un grand R. La loi a d'ailleurs été plusieurs fois modifiée depuis son adoption. La République pourrait s'offrir ainsi un moment symbolique pour donner un souffle nouveau à la laïcité. Il faut une révision publique de l'application de la laïcité qui passe par un débat parlementaire. Voilà un beau moyen de remettre l'idéal laïc au cœur de la société française et d'en faire une valeur partagée ».

En septembre 2012, lors de la cérémonie du Nouvel an juif à la synagogue de la Victoire, il déclare : « Chaque religion a ses rites et ses traditions ; la liberté de croyance, c'est la liberté de porter la kippa, de manger casher, de réaliser la circoncision. ». Le grand-rabbin de Paris, Michel Gugenheim, a salué le « sans fautes » du ministre.

Ses relations se sont tendues avec la communauté catholique, en particulier la frange la plus à droite, du fait de son appréciation des manifestations contre le mariage pour tous, des batailles de chiffres sur le nombre de manifestants et de ses retards à condamner les divers incidents survenus dans des églises en tant que ministre de l'Intérieur. Quant à ses relations avec la communauté musulmane, elles sont mauvaises, malgré sa reconnaissance tardive des actes anti-musulmans, pour plusieurs raisons : son soutien inconditionnel à la directrice de la crèche Babyloup en conflit avec l'une de ses employées voilées ; son soutien à la loi interdisant le voile intégral dans l'espace public ; son opposition à laisser des femmes voilées accompagner des sorties scolaires ; son appréciation générale du voile islamique - « le voile, qui interdit aux femmes d'être ce qu'elles sont, doit rester pour la République un combat essentiel » selon lui - ; son jugement favorable à l'égard des propositions du Haut Conseil à l'intégration, parmi lesquelles l'interdiction du voile islamique à l'université ; et son désintérêt pour les instances représentatives officielles de l'islam. En mai 2016, il reprend à son compte l'expression d'« islamo-gauchisme » utilisée par son secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen. Après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, il déclare qu'il « faut une remise à plat et inventer une nouvelle relation avec l'islam de France », envisageant d'interdire le financement des mosquées par l'étranger « pour une période à déterminer ».

Antisémitisme et relations à la communauté juive


Manuel Valls entretient de bons rapports avec la communauté juive de France et dénonce régulièrement « un antisionisme de façade », prétexte à « un nouvel antisémitisme, souvent virulent, installé au cœur même de nos quartiers », qu'il estime avoir été « un des premiers » à évoquer. Cet engagement s'est notamment traduit dans son bras de fer avec Dieudonné fin 2013-début 2014.

En 2003, il cosigne une tribune avec Jean-Luc Mélenchon et Vincent Peillon dans laquelle les trois hommes récusent la participation de Tariq Ramadan au Forum social européen après que ce dernier a accusé les intellectuels juifs français d'obéir à des logiques communautaire ou nationaliste pro-israélienne. Ils estiment alors que l'intellectuel suisse « habill[e] d'un prétendu progressisme l'antisémitisme ».

Le 17 juin 2011, il intervient sur la radio Judaïca de Strasbourg et se voit reprocher la position de la gauche dans ses rapports aux Juifs, à la lutte contre l'antisémitisme, à l'islam et à Israël, ce à quoi il répond : « Je ne parle que pour moi : la lutte contre l'antisémitisme, je dis ça pour des raisons politiques, historiques, ma famille est profondément liée à Vladimir Jankélévitch qui a écrit le plus beau livre qu'on puisse écrire sur l'imprescriptible et la Shoah ; par ma femme (Anne Gravoin), je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël, quand même... »

D'après Jacques Hennen, coauteur avec Gilles Verdez d'une biographie consacrée à Manuel Valls, ce dernier « ne prend parti ni pour un camp, ni pour l'autre » dans le conflit israélo-palestinien. Le journaliste affirme également que rien ne permet d'étayer la thèse soutenue par Emmanuel Ratier, journaliste d'extrême droite, dans une autre biographie de l'intéressé, selon laquelle Manuel Valls aurait changé d'avis sur le sujet à cause de sa deuxième épouse, Anne Gravoin, de confession juive. Emmanuel Ratier précise lui-même n'avoir « aucune preuve de l'influence de sa femme dans son revirement géopolitique ». Cette thèse, reprise par Roland Dumas lors d'un entretien face à Jean-Jacques Bourdin en février 2015, est en vogue au sein de l'extrême droite depuis 2011, et relayée en particulier dans la mouvance constituée par Dieudonné et Alain Soral, ainsi que par l'hebdomadaire Rivarol. Nicolas Lebourg, Valérie Igounet et Jean-Yves Camus, spécialistes de l'extrême droite, y voient un raisonnement typique de la théorie du complot juif, dans la lignée des thèses antisémites d'Édouard Drumont.

Début avril 2012, alors que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant interdit à certains prédicateurs islamistes étrangers de se rendre au rassemblement annuel de l'UOIF en raison de leurs propos « appelant à la haine », Manuel Valls est l'un des rares élus, avec le Front national, à s'inquiéter de leur venue en France. Il affirme notamment que, pour Youssef al-Qaradâwî, « connu pour ses fréquents propos antisémites, le jihad est un devoir pour tous les musulmans ». En mai 2012, une fois devenu ministre de l'Intérieur, il indique qu'il refuserait la présence en France de « soi-disant théologiens, qui prônent, que ce soit avec des mots durs ou avec des mots doux, la haine du Juif », et estime qu'il « était temps » pour « les organisations qui les invitent » de « changer d'attitude » et de « respecter les lois de la République ».

En septembre 2012, invité comme ministre de l'Intérieur et des Cultes à la cérémonie du Nouvel an juif à la synagogue de la Victoire, il déclare : « Chaque religion a ses rites et ses traditions ; la liberté de croyance, c'est la liberté de porter la kippa, de manger casher, de réaliser la circoncision. ». Le grand-rabbin de Paris, Michel Gugenheim a salué le « sans fautes » du ministre tandis que le grand-rabbin de France, Gilles Bernheim déclarait : « La confiance débute. Espérons qu'elle soit pérenne ».

Après les attaques de synagogues à Paris durant l'été 2014, il déclare le 18 septembre 2014 à la synagogue de la Victoire que « sans les Juifs, la France ne serait pas la France ». Cette déclaration et celles faites après la prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes ainsi que celles faites contre le mouvement BDS lui valent une certaine sympathie dans la communauté juive.

En mars 2016, il déclare lors du dîner annuel du CRIF que l'antisionisme est « tout simplement le synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël ». Ses propos sont soutenus par Roger Cukierman, président du CRIF, pour qui « l'antisionisme est le nouvel habit de l'antisémitisme ». Pour le journaliste Maurice Szafran, le Premier ministre, tout en étant conscient que « de nombreux (et importants) intellectuels (juifs) de gauche ont défendu dès le premier jour de l'indépendance de l'État d'Israël des thèses et des positions dites « antisionistes » », dénonce un « antisionisme « antisémite » » qui touche « les milieux populaires », ce que se refuserait à faire « une partie de la gauche » par électoralisme. L'historien Jean-Christophe Attias estime que la déclaration de Manuel Valls est « beaucoup trop simpliste » : s'il reconnaît que « le discours antisioniste sert à masquer (de plus en plus mal) une forme d'antisémitisme », il déplore que « certains cherchent à criminaliser toute critique d'Israël en la taxant d'antisionisme, et au-delà d'antisémitisme ». Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, met en cause une « erreur » de la part de Manuel Valls à travers « l'identification de deux notions connexes mais distinctes ».

Gestation pour autrui

Le 3 octobre 2014, Manuel Valls se dit opposé à la gestation pour autrui (GPA) dans le journal La Croix, alors qu'il déclarait en 2011 au magazine Têtu : « La GPA, si elle est maîtrisée, est acceptable ».

Cannabis
Le 12 octobre 2009, Manuel Valls se déclare « en désaccord total » avec la proposition de dépénalisation ou de légalisation encadrée du cannabis faite par Daniel Vaillant.

Symboles nationaux

Le 23 janvier 2003, il vote en faveur de l'amendement instituant le délit d'« outrage au drapeau tricolore et à l'hymne national ». Il s'en explique ainsi : « L'intention est bonne. L'objet difficilement contestable. Il s'agissait de faire passer un message fort, et aussi de montrer qu'au PS on ne laisse pas ce terrain-là à la droite... ».

Statistiques ethniques

Manuel Valls a plusieurs fois défendu la légalisation des statistiques ethniques. En décembre 2009, en tant que député d'opposition, il soutient cette idée à l'issue d'un colloque sur la diversité et annonce qu'il présentera « un projet de loi en ce sens à l'Assemblée nationale », promesse qu'il ne met pas à exécution. En décembre 2012, il se déclare de nouveau ouvert aux statistiques ethniques en tant que ministre de l'Intérieur, ajoutant qu'elles devraient être mises en place « selon des règles » fixées par le Conseil constitutionnel. En mars 2015, en tant que Premier ministre, il exprime le souhait « d'avoir davantage d'outils qui nous permettent de mieux lutter contre les discriminations », en l'occurrence contre celles faites aux femmes, en précisant que la lutte contre celles-ci a progressé grâce à « des statistiques précises sur la question des sexes ».

Communication

« Dans nos démocraties modernes, la communication n'est pas un vain mot. Elle est le véhicule de l'action, de la réforme au service de l'intérêt général. L'action politique doit donc être conduite dans une parfaite intégration des contraintes de la communication. A l'heure des chaînes d'information continue et des réseaux sociaux, maîtriser le message adressé aux Français demande le plus grand professionnalisme. »
Il cherche par exemple à se montrer très présent dans les médias et à devancer les agendas annoncés. Le politologue Denis Pingaud estime que Manuel Valls est incontestablement « un bon professionnel de la communication », en ceci qu'il sait parfaitement « organiser, verrouiller et simplifier » celle-ci. Mais il ajoute que « sa façon de communiquer reste assez peu innovante : elle consiste à s'adresser aux Français de façon classique, en allant au 20 heures ou en faisant la une de Paris Match ». Pour Stéphane Rozès, trois mots résument sa méthode : « bonapartisme, volontarisme et présentisme ». « Le bonapartisme, c'est le choix de Manuel Valls de se placer au-dessus du champ de forces politiques, dans un rapport direct aux Français. Le volontarisme, c'est cette centralité qu'il accorde au verbe : pour lui, la communication se confond avec l'action politique, elle n'est pas un élément à part. Quant au présentisme, c'est la volonté qui est la sienne de faire l'actualité du jour et d'imposer son rythme aux médias, ce qui n'est pas sans rappeler Nicolas Sarkozy. »

Ce rapprochement entre sa méthode de communication et celle du 23e président de la République est courant chez les observateurs de la vie politique, qui relèvent la recherche commune d'une forte visibilité médiatique chez les deux hommes et leur attribution par les sondages d'opinion des mêmes traits de caractère (énergie, dynamisme, volontarisme, autorité). Commentant la présence de Manuel Valls en compagnie de son épouse à la une de Paris Match après sa nomination à Matignon, Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, affirme : « Ils ont tous les deux intégré l'idée que le public demande de la transparence et qu'il est difficile de séparer, comme par le passé, la vie privée de la vie publique. » Le discours de politique générale de Manuel Valls du 8 avril 2014 a notamment présenté plusieurs similitudes avec le discours d'investiture de Nicolas Sarkozy par l'UMP pour l'élection présidentielle de 2007.

Manuel Valls 06
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